Des images, rien que des images
Je fais des images. Voilà tout. Des images avec de la peinture, si l’on veut être précis. La question théorique de la peinture, en soi, ne m’intéresse guère. Les grands discours sur l’art, les intentions profondes, tout ce théâtre, je le laisse aux autres. La peinture, pour moi, n’est qu’un moyen. Je la prends comme elle vient sans chercher à en faire plus qu’elle n’est : un support pour des images qui existent par elles-mêmes, sans besoin de justification.
La technique
Tout commence par un dessin, souvent plus grand que le format final. J’aime les petits formats : plus intimes, plus directs, plus honnêtes. Ils suffisent amplement à dire ce que j’ai à raconter — sauf que justement, je n’ai rien à raconter. Pas de plan, pas de système. Juste un dessin qui se transforme en image, sans calcul, sans stratégie. L’image advient, ou n’advient pas. Peu importe.
Raconter ?
On dit que les tableaux "parlent", qu’ils "racontent une histoire". Moi, je n’en suis pas sûr. Si je voulais raconter, j’écrirais. Les mots savent où ils vont, pas la peinture. Elle échappe, glisse entre les doigts. À la fin, il reste une image — bonne ou mauvaise, mais sans discours. Tant mieux.
Les sujets
Ils surgissent sans crier gare : un tableau entrevu ici où là, une inconnue dans la rue, une baigneuse en bord de mer, mon jardin, une vieille toile exhumée d’un placard, une promenade à Paris. Rien de prémédité, rien de méthodique. Les idées débarquent, je les saisis au vol. Pas de logique, pas de système. Elles s’imposent, sans explication, sans permission. Je prends ce qui tombe. C’est tout.
Des images simples, populaires
Ah, ces images simples, populaires… Des images qui ne font pas les fières, qui ne se donnent pas des airs, qui ne cherchent pas à impressionner l’amateur d’art en quête de raffinement. Des images comme on en voit partout : dans les calendriers des épiciers, dans les cafés, sur les murs des chambres des ados ou sur internet. Des images qui parlent à tout le monde — ou à personne. Peu importe. Des images qui n’ont pas peur d’être banales, parce que la banalité, c’est souvent là que se cache la vérité. Elles ne demandent pas à être admirées, ces images. Elles se contentent d’être là, comme un vieux meuble usé, comme une chanson entendue mille fois, comme un visage croisé chaque matin sans qu’on y prête attention. Elles ne veulent pas être « belles », elles veulent être justes. Justes comme un coup de poing, comme un éclat de rire, comme une larme qui coule sans qu’on sache pourquoi.
La simplicité comme franchise
Elles ne demandent ni admiration ni analyse. Elles sont là, simplement, comme un verre de vin sur un zinc ou une affiche déchirée qui résiste au vent. Pas de recherche d’effet, pas de savant calcul. Juste ce qui est, ce qui passe, ce qui reste malgré tout. Et puis, après tout, qu’est-ce que la simplicité ? Ce n’est pas la pauvreté de l’idée, c’est la richesse de l’évidence. Ce qui est simple, c’est ce qui ne triche pas. Ce qui est populaire, c’est ce qui ne ment pas. Le peuple, lui, ne se paye pas de mots. Il regarde, il sent, il comprend — ou il ne comprend pas, mais au moins il ne fait pas semblant.
Alors oui, des images simples, populaires. Des images qui ne craignent pas d’être mal habillées, mal léchées, mal aimées. Des images qui ont le mérite de ne pas en avoir l’air.
Pourquoi ?
Parce que l’art n’a pas besoin d’être beau pour être juste. Il lui suffit d’être vrai — même mal fichu, même naïf, même un peu laid. La simplicité n’est pas une faiblesse, mais un choix. Une franchise.
En résumé : des images qui existent, sans artifice, sans explication. Comme la vie. Rien de plus, rien de moins.
My Painting: Just Images
I make images. That’s all. Images with paint, if you want to be precise. The theoretical question of painting itself doesn’t interest me much. The grand discourses on art, the deep intentions, all that theater—I leave it to others. For me, painting is just a means. I take it as it comes, without trying to make it more than it is: a support for images that exist for their own sake, with no need for justification.
Technique
It all starts with a drawing, often larger than the final format. I love small formats: more intimate, more direct, more honest. They’re more than enough to say what I have to say—except I don’t have anything to say. No plan, no system. Just a drawing that turns into an image, without calculation, without strategy. The image happens, or it doesn’t. It doesn’t matter.
Telling a Story?
They say paintings "speak," that they "tell a story." I’m not so sure. If I wanted to tell a story, I’d write. Words know where they’re going; painting doesn’t. It slips away, slides through your fingers. In the end, all that’s left is an image—good or bad, but without discourse. So much the better.
Subjects
They appear without warning: a painting glimpsed here or there, a stranger in the street, a bather by the sea, my garden, an old canvas unearthed from a closet, a walk through Paris. Nothing premeditated, nothing methodical. Ideas arrive, and I catch them on the fly. No logic, no system. They impose themselves, without explanation, without permission. I take what comes. That’s all.
Simple, Popular Images
Ah, these simple, popular images… Images that don’t put on airs, don’t pretend, don’t try to impress the art lover in search of refinement. Images you see everywhere: in grocers’ calendars, in cafés, on the walls of teenagers’ rooms, or online. Images that speak to everyone—or to no one. It doesn’t matter. Images unafraid of being ordinary, because ordinariness is often where truth hides. These images don’t ask to be admired. They simply are, like a worn-out piece of furniture, like a song heard a thousand times, like a face you pass every morning without really seeing. They don’t want to be "beautiful"; they want to be true. True like a punch, like a burst of laughter, like a tear that falls for no reason.
Simplicity as Honesty
They ask for neither admiration nor analysis. They’re just there, like a glass of wine on a zinc bar or a torn poster clinging to the wind. No search for effect, no clever calculation. Just what is, what passes, what remains despite everything. After all, what is simplicity? It’s not the poverty of an idea, but the richness of the obvious. What is simple is what doesn’t deceive. What is popular is what doesn’t lie. The people—they don’t waste words. They look, they feel, they understand—or they don’t, but at least they don’t pretend.
So yes, simple, popular images. Images unafraid of being poorly dressed, poorly polished, poorly loved. Images whose only merit is not seeming to have any.
Why?
Because art doesn’t need to be beautiful to be just. It only needs to be true—even if it’s clumsy, even if it’s naive, even if it’s a little ugly. Simplicity isn’t a weakness; it’s a choice. A frankness.
In short
images that exist, without artifice, without explanation. Like life. Nothing more, nothing less.